Gisela Raeber

Le buffle sous-marin

Une aventure inattendue de Gisela et Yves

Le chemin rouge nous mène à travers les rizières qui virent du vert tendre au jaune orangé. Les épis se dressent fièrement. Le riz est bientôt mûr. Notre tuk-tuk roule derrière une camionnette sans aucune chance de pouvoir la dépasser. Nous nous arrêtons près d'une pagode. La pagode n'est pas simplement un écrin de spiritualité mais un lieu de vie. Le bâtiment allongé d'une école occupe une place importante dans l'enceinte. Des centaines d'enfants se bousculent et rient en sortant de classe.

C'est la récré. Des filles et des garçons dans leur uniforme scolaire bleu et blanc. Ils ont entre six et douze ans. Le vendeur de glace à l'eau retrouve sa petite clientèle. Des garçons se regroupent autour de deux jardiniers qui ont abattu un arbre  et en coupent les branches. A côté, quelques stupas se dressent fièrement, des mausolées de moines ou de personnalités importantes. Les gamins nous entourent avec des "hello, hello". Il y a même un "I love you" qui fuse. Ils adorent se faire prendre en photo.

Les moines ont suspendu leurs habits de couleur safran pour sécher. D'autres méditent ou se prélassent dans un hamac.

Nous continuons notre route, sans camionnette cette fois-ci et mettons encore une demi-heure jusqu'à la plantation de poivre. Une belle vieille bâtisse, initialement un dortoir de moines, que le propriétaire avait démontée et recomposée à l'identique.

Pourquoi le propriétaire belge nous accoste parmi tous les clients qu'il y a ce matin? Parce que nous avons l'air sympathiques, nous dit-il plus tard en riant. Nous sommes venus pour visiter la plantation, pour acheter aussi un peu de poivre, surtout le vert fermenté au sel nous intéresse. Une préparation inattendue que nous avons dégustée l'autre soir avec des crackers chez Sam au "Waterfront" à Kep.

Voilà que Guy, c'est le nom du propriétaire, nous propose un tour en char à buffle d'eau, à travers les rizières et les champs de manguiers jusqu'au Lac secret. "Je fais cette balade presque tous les jours", nous dit-il, "c'est ma récré". Nous avons tout le temps du monde et une telle proposition inattendue ne se refuse pas.

Les deux buffles - le plus gros au nom d’Akon pèse 400 kilos - avancent docilement en suivant deux sillons que les roues du char ont creusés dans la terre marécageuse. Le silence paradisiaque est seulement animé par le fort soufflement des bêtes. Non, il y a aussi le chant des oiseaux et le susurrement des libellules. Le monde se compose de deux couleurs: le vert tendre et juteux des rizières  et le bleu légèrement moutonné du ciel. Deux ibis s'élèvent dans les airs.

Après vingt minutes nous atteignons le lac. Il est très peu profond ici et couvert de nénuphars. Les buffles se lancent dans l'eau. C'est leur récompense. Ils avancent, s'enfoncent  jusqu'aux flancs. On sent leur bonheur. Ils agitent leurs queues, nous giclent de quelques gouttes, mettent la tête dans l'eau. Et le plus petit ne veut même plus sortir. Il fait le sous-marin, nous dit Guy, il adore ça.

Le fond de la carriole est maintenant sous l'eau et nous mettons nos pieds sur la banquette, tout en suivant le spectacle.

Merci, Guy, merci la vie, pour ce moment exceptionnel.

La pagode et ses stupas

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Les filles mangent une glace, les garçons sont intéressés par la grosse scie du bûcheron.

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Le bâtiment principal de la plantation de poivre, anciennement un dortoir de moines.

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En route, Guy achète quelques mangues dans le champ.

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A gauche le buffle sous-marin... 

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et la libellule nous surveille ...

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